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Paroles d'étudiants (1) : Coralie, passion EJE

Pourquoi décide-t-on de suivre une formation en travail social ? Quels sont ses espoirs ? Que constate-t-on au fil des stages et des contacts avec les professionnels et les usagers ? Toutes ces questions et quelques-autres, nous les avons posées à travers une série de portraits tout cet automne. Première rencontre avec Coralie Aubert, future éducatrice de jeunes enfants.



Elle s'était déplacée début septembre à Paris avec une délégation de son école, l'institut du travail social (ITS) de Tours. L'occasion, c'était le discours du Premier ministre sur le travail social à l'occasion de la remise du rapport de Brigitte Bourguignon sur la réforme des formations. Si l'ITS de Tours était de la partie (ses étudiants figurant sur la photo finale aux côtés de Manuel Valls), c'est parce qu'il avait été consulté par la députée du Pas-de-Calais qui s'était déplacée pour l'occasion dans la cité tourangelle..

"Parler de ce métier méconnu"

Sans complexe, Coralie Aubert, en 3e année d'EJE, avait accosté le journaliste (l'auteur de ces lignes) qui avait commencé sa recherche d'étudiants souhaitant témoigner sur leur expérience. "J'ai envie de parler de ce métier d'éducateur de jeunes enfants qui est trop méconnu", avait-elle dit simplement. Rendez-vous avait été pris deux-trois semaines plus tard pour une interview sur place, dans le parc ensoleillé - ce jour-là - de l'école (voir la vidéo).

Un rêve d'instit'

Déterminée, c'est peut-être le qualificatif qui s'applique le mieux à cette jeune femme originaire du Loir-et-Cher voisin. Car elle n'a pas lésiné sur ses efforts pour intégrer la section EJE de l'ITS. "Avant je voulais être institutrice", confie-t-elle. Elle s'était donc embarquée dans cette aventure, espérant intégrer l'IUFM. Mais, après une licence en sciences du langage, elle avait raté le concours d'entrée. Cette "grande déception" et son ras-le-bol des études l'avaient conduite à entrer dans la vie active comme assistante d'éducation dans un collège. Parallèlement, elle préparait en candidat libre le concours d'IUFM. Encore raté ! Que faire ? Elle s'était souvenu d'une discussion avec une conseillère d'orientation du CIO qui lui avait expliqué le métier d'EJE. "Personne ne m'en avait parlé auparavant", explique-t-elle.

La troisième fois fut la bonne...

Alors in extremis, elle s'était inscrite au concours de l'ITS, la seule école dans la région Centre qui prépare à ce métier. Premier échec : "Je me suis plantée à l'oral", se souvient-elle, rappelant qu'il y avait 150 candidats sélectionnés pour l'oral pour 40 places. Il fallait s'accrocher, continuer ce boulot de "pionne" pour faire bouillir la marmite. En 2012, elle repasse le concours de l'ITS. Nouvel échec ! Là où tant d'autres auraient tout envoyé valser, Coralie, "battante" comme elle se définit, s'était accroché. Ce concours, il fallait qu'elle le décroche. La troisième fois sera la bonne, espère-t-elle. Et le pari fut gagné !

"Aider les enfants à grandir, gommer les inégalités"

En 2013, elle démarre enfin sa formation tant espérée. Mais qu'est ce qui l'a fait tenir si longtemps, l'obligeant à accepter un boulot alimentaire et à subir les humeurs de sa hiérarchie ? "J'ai ressenti la passion de ce métier, avec l'idée d'aider les enfants à grandir", explique-t-elle, ajoutant: "J'ai envie de tenter de gommer les inégalités qui existent entre les enfants dès leur plus jeune âge."

Positive attitude

Alors forcément quand on a rêvé ce métier, quand on a déployé tant d'énergie pour atteindre un but, quand on a essuyé échecs, début de blues et envie de tout lâcher, les années de formation sont comme un bonheur permanent. L'enthousiasme accroché aux mots, Coralie raconte presque d'un trait les trois stages qu'elle a préférés, ne s'appesantit pas trop sur le 4e qui l'a moins intéressé.

Même la crainte qu'elle avait de se retrouver dans un groupe de 40 filles s'est dissipée très vite. "En première année, les étudiantes avaient entre 17 ans et la quarantaine. Chacun avait son expérience à amener aux autres."

Envie de travailler en pédiatrie

Question formation, elle s'y retrouve. Beaucoup d'intervenants extérieurs de qualité, une adéquation entre les cours et le terrain... Même si 35 heures de cours hebdomadaires, c'est un peu lourd quand on habite à 60 bornes de Tours. Coralie n'est pas du genre à se plaindre, elle vit pour son métier qu'elle exercera, si tout va bien, dans moins d'un an. "J'aimerai travailler en pédiatrie tellement le stage que j'ai fait à l'hôpital de Clocheville, à Tours, m'a passionnée. Mais je sais que les places sont chères. Alors je suis prête à changer de région pour trouver un poste intéressant." La passion ne connaît pas de frontières... 

 



Prochain portrait le 16 octobre : Aurélien Le Bescond, étudiant à l'EPSS de Cergy (95)

Noël Bouttier
Ecrit par
Noël Bouttier